25 juin 2012

Boycott du Festival de Carthage : Les Artistes Tunisiens en Colère



Les chanteurs et musiciens tunisiens boycottent le festival international de Carthage et tous les festivals d'été, autrement dit, plus de trois cents manifestations.

Trois syndicats : le Syndicat tunisiens des professionnels de la musique, le Syndicat libre des auteurs compositeurs et le Syndicat des chanteurs professionnels ont publié un communiqué commun annonçant leur boycott du festival de Carthage et de tous les autres festivals du pays suite à la conférence de presse au cours de laquelle le ministre de la Culture Mehdi Mabrouk a révélé aux médias la programmation de la 48e édition de ce festival.
Au sujet de la participation tunisienne, le ministre de la Culture a précisé qu'une commission de sélection consultative a proposé une programmation mais c'est lui qui a décidé du choix définitif des spectacles tunisiens. Six spectacles sur vingt-sept, l'ouverture avec un spectacle de musique tunisienne animé par un groupe de chanteurs, concert tuniso-ivoirien avec Alpha Blondy et Ahmed Mejri, soirée de musique patriotique à l'occasion du 25e anniversaire de la fête de la République, soirée de poésie arabe avec le trio Joubrane, gala du chanteur Saber Rebai et la soirée de clôture en compagnie du musicien Dhafer Youssef.
Selon le ministre, la présence tunisienne au festival de Carthage doit se justifier par la qualité des représentations ce qui n'est pas le cas pour les nombreuses propositions parvenues à la direction du festival. Pas question de céder à ce qu'il estime de «paresse patriotique», autrement dit des artistes, qui au nom du patriotisme, veulent coûte que coûte monter sur la scène de l'amphithéâtre. Un bras de fer qui met à mal le ministre d'autant plus que les soirées d'ouverture et de clôture devaient être assurées par des spectacles tunisiens.
L'un des membres de la commission de sélection des spectacles tunisiens, en l'occurrence le compositeur Abdelkarim Shabou enfonce davantage le clou en avouant à l'émission culturelle «Bila Moujamla» diffusée sur Hannibal TV que lui et ses collègues de la commission ont suggéré au ministre plusieurs spectacles jugés valables mais leurs propositions n'ont pas été prises en considération. Par cette déclaration, le compositeur prête le flanc aux artistes et se solidarise, de la sorte, avec eux.
De leur côté, les trois syndicats reprochent au ministre de ne pas avoir fait appel à eux dans cette commission. Du coup, se sentant exclus d'une fête qu'elle considère la sienne, la corporation des musiciens et chanteurs a décidé de boycotter non seulement le festival de Carthage mais tous les autres festivals du pays. Or, on sait que la majorité de la programmation de ces festivals régionaux et locaux est composée de production tunisienne. Les festivals de cet été 2012 sont ainsi compromis. Auront-ils lieu et avec quels spectacles? Ou seront-ils purement et simplement annulés?
Touchés dans leur orgueil, les artistes tunisiens se sentent blessés d'autant plus que les artistes arabes invités à se produire à Carthage ne sont pas, d'abord, à leur première participation, ensuite, certains d'entre eux ne sont pas davantage brillants. Face à ce bras de fer, le ministère de la Culture reste jusqu'à présent sur sa position : ne pas céder à la provocation des artistes. Pas question de retourner sur les décisions prises. La programmation est bouclée et annoncée.
Contacté à ce sujet, Fathi Kharrat, le directeur de la 48e édition du festival de Carthage, nous a fait savoir qu'il n'y a pas de changement en vue de la programmation et que le désistement des Tunisiens n'affectera en rien le festival. Quant au spectacle d'ouverture, il sera remplacé à temps. Il a tenu à préciser que le festival de Carthage est une manifestation internationale à laquelle la participation tunisienne ne doit pas dépasser un certain quota donnant, à cet effet, pour exemple le festival de Baalabek. «La bourse ne va pas flancher à cause de la non-participation des chanteurs tunisiens», plaisante-t-il. Affaire à suivre.

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